Dans les années 1950, la France émerge d'une période tumultueuse, et le besoin d'innovation se fait sentir. C'est dans ce contexte que Simca, un acteur majeur de l'industrie automobile française, dévoile son chef-d'œuvre : la Simca Aronde.
Simca souhaitait se démarquer de Fiat en proposant une voiture 100 % française, moderne et adaptée aux besoins de l'époque et présente pour la première fois en 1951, cette berline novatrice qui devient rapidement un symbole de modernité et d'élégance sur les routes hexagonales.
Elle séduit immédiatement le public grâce à son design moderne et ses performances, qui surpassaient celles de nombreux concurrents. Elle était équipée d'un moteur 1.2 litre Flash développant 45 chevaux, offrant une vitesse maximale de 120 km/h, ce qui était remarquable pour une voiture de sa catégorie à l’époque.
- Une carrosserie monocoque, plus légère et robuste.
- Une finition soignée, positionnant la voiture comme un modèle élégant, mais accessible.
- Une consommation de carburant modérée, adaptée à une période où l'économie était encore fragile après la guerre.
En quelques années, la Simca Aronde conquiert le cœur des Français, et son succès ne se limite pas aux ventes. Elle incarne l'esprit d'une époque où l'automobile devient un bien de consommation pour tous.
Cette berline, appréciée pour son confort et sa fiabilité, se retrouve dans les foyers, dans les familles de tous horizons. Au-delà de son rôle utilitaire, l’Aronde symbolise la richesse d'un certain art de vivre à la française.
L'Aronde se décline en plusieurs versions, adaptant ses caractéristiques pour satisfaire les différentes envies des conducteurs. Des modèles comme l'Aronde Grand Large, avec son espace intérieur généreux, ou l'Aronde Sport, qui offre une expérience de conduite plus dynamique, témoignent de la diversité des besoins.
Suivant les fluctuations du marché, Simca resta toujours attentive à intégrer des innovations, gardant ainsi la flamme allumée dans le cœur des automobilistes.
L'Aronde 9 marque les débuts de Simca dans le segment des berlines modernes avec une proposition audacieuse et élégante. Ce modèle, lancé en 1951, est à la fois innovant et raffiné, représentant un bond en avant technologique et stylistique pour l'époque.
L'Aronde est conçue sur une carrosserie monocoque, un choix moderne qui lui confère légèreté et robustesse. Longue de 4 mètres, elle offre un coffre spacieux de 200 litres, suffisant pour transporter confortablement quatre passagers et leurs bagages.
Sous le capot, on trouve un moteur 4 cylindres de 1220 cm³ développant 45 chevaux. Couplé à une boîte manuelle à 4 vitesses, dont 3 sont synchronisées, ce moteur permet à l'Aronde d'atteindre une vitesse maximale de 125 km/h. Grâce à ses reprises dynamiques et à une bonne tenue de route, elle s’impose comme une voiture agréable et performante pour son époque.
Présentée au Salon de l'Automobile de 1951, l'Aronde fait sensation avec sa calandre en escalier et sa finition luxueuse. Malgré un prix élevé de 675 000 francs, elle séduit immédiatement grâce à son allure fluide et sa conception soignée.
En 1953, Simca élargit son offre avec une version plus dépouillée, appelée Quotidienne, destinée à un public recherchant une voiture abordable mais fiable.
Henri-Théodore Pigozzi, visionnaire à la tête de Simca, comprend l’importance de l’évolution constante des modèles pour stimuler les ventes. L'Aronde subit donc plusieurs améliorations tout au long de sa carrière :
- 1954 : Une première mise à jour importante voit la calandre s’adoucir pour un design plus élégant. Les feux arrière sont désormais en plastique translucide, améliorant sécurité et esthétique.
- 1955 : Les roues passent de 15 à 14 pouces, avec des enjoliveurs plus petits, et des optimisations mécaniques renforcent la sécurité et le plaisir de conduite. Cette version est baptisée Surbaissée 55.
Pour les millésimes 1954 et 1955, l'Aronde est proposée en deux finitions principales :
Quotidienne : une version simplifiée pour les budgets modestes.
Luxe : une finition plus sophistiquée, avec des options comme les pneus à flancs blancs, très populaires à l'époque.
Pour le millésime 1956, Simca opère une transformation profonde de l'Aronde, en phase avec la politique d'évolution constante de la marque. La Ligne Océane introduit des modifications notables à la fois sur le plan mécanique et esthétique, tout en restant fidèle à l’esprit innovant qui a fait le succès de la gamme.
Le modèle 1956 présente une physionomie totalement renouvelée.
- Avant : Une nouvelle calandre plus anguleuse donne un caractère affirmé à la voiture.
- Arrière : Des ailerons, inspirés de la mode américaine, apportent une touche de modernité et de dynamisme.
- Intérieur : Le tableau de bord, le volant et les sièges sont entièrement redessinés, reflétant un souci accru du confort et de l’élégance.
- Le moteur subit un profond remaniement et adopte le nom de Flash.
- Cylindrée : Augmentée à 1290 cm³, donnant naissance à l'appellation Aronde 1300.
- Puissance : Désormais de 48 ch SAE, offrant une vitesse maximale légèrement supérieure à 130 km/h.
- Comportement : Le moteur se distingue par une puissance accessible dès les bas régimes, rendant la conduite plus agréable et souple.
La Ligne Océane propose différentes versions adaptées aux attentes des clients :
Deluxe : La version d’entrée de gamme, simple et abordable.
Elysée : Une finition mieux équipée, offrant un confort supérieur.
- Elysée-Matignon : Dotée d’une peinture bicolore personnalisable et d’une panoplie d’équipements inédits. Sa puissance est légèrement augmentée, lui permettant d'atteindre 140 km/h. Cependant, cette version, jugée trop sophistiquée, connaît un succès mitigé.
Présentée au Salon de 1958, la P60 doit son nom à une idée visionnaire d’Henri-Théodore Pigozzi : "P" pour personnalisée, et "60" pour symboliser une avance technologique et esthétique sur la décennie à venir. Cette version marque une rupture visuelle grâce à un design plus anguleux, un toit plat muni d’une visière débordant sur une lunette arrière agrandie, et des lignes résolument modernes.
Le moteur Flash de 1290 cm³ (48 ch) reste fidèle au poste pour les premières finitions Elysée, mais l’année modèle 1959 introduit des améliorations importantes : une suspension arrière revisitée combinant ressorts à lames et hélicoïdaux, et l’arrivée d’une version haut de gamme, la Monthléry, dotée d’un moteur de 60 ch permettant d’atteindre 140 km/h.
En 1961, la gamme reçoit un nouveau moteur à cinq paliers baptisé Rush, offrant une meilleure robustesse et des performances accrues. La Monthléry évolue alors en Monthléry Spéciale, avec 70 ch, tandis que d’autres modèles, comme l’Etoile 6 et 7, répondent aux besoins de clients recherchant des voitures plus accessibles.
Début 1958, une série expérimentale de 700 P60 "hybrides" fut produite avec un toit bombé, l’absence de visière arrière et des pare-chocs inhabituels en trois parties. Le mécontentement de Pigozzi face à ce design atypique conduisit au stockage de ces véhicules à Bordeaux, où elles furent surnommées "les Bacalan". Vendues plus tard dans les pays de l’Est, elles servirent principalement de taxis.
Avec l’introduction de la Simca 1000 en 1962, l’Aronde commence à perdre de sa pertinence face à une concurrence croissante. L’abandon progressif de l’appellation P60 marque la transition vers une nouvelle ère pour Simca.
L'Aronde a été un immense succès commercial. Plus de 1,4 million d'exemplaires ont été vendus, faisant d'elle une des voitures les plus populaires en France dans les années 1950 et 1960. Elle était particulièrement appréciée pour :
Son prix compétitif.
Sa fiabilité et sa robustesse.
Son esthétique, qui la rendait désirable tant en ville que pour les trajets ruraux.
L'Aronde a également connu une carrière internationale, étant exportée en Europe, en Amérique et même en Afrique.
En 1963, la production de l'Aronde a cessé pour laisser place à la Simca 1300/1500, un modèle plus moderne. Cependant, l'Aronde reste une icône de son époque, symbolisant la montée en puissance de l'industrie automobile française dans l'après-guerre.
Malgré l'arrêt de sa production en 1963, l'héritage de la Simca Aronde perdure. Cette automobile ne se contente pas d'être un souvenir ; elle s'est inscrite dans le patrimoine automobile français.
Des passionnés se rassemblent régulièrement lors de rencontres consacrées à cette voiture emblématique, partageant des anecdotes, des conseils de restauration et des histoires de voyages.
De nos jours, l’Aronde fait l'objet de restaurations minutieuses par de fervents amateurs. Chacune de ces voitures restaurées raconte une histoire unique, mêlant nostalgie et passion. Dans les rassemblements de vieilles voitures, l'Aronde attire souvent les regards, suscitant des sourires et des discussions animées.
Elle rappelle à tous que derrière chaque automobile se cache des souvenirs, des rêves et un peu d'histoire.
La Simca Aronde n’est pas qu’une simple voiture ; elle est une icône, un symbole d'une époque où l'automobile était à la fois un symbole d'indépendance et de progrès. Elle a su capturer l'essence de la France d'après-guerre, un moment où la beauté et la fonctionnalité se mêlent harmonieusement. Son nom, comme un chant d'hirondelle au printemps, rappelle la légèreté et la promesse d'un avenir radieux.
Ainsi, la Simca Aronde continue d’inspirer et d’émerveiller, prouvant que les véritables icônes n’obéissent pas aux limites du temps. Si vous croisez un jour une Aronde sur votre chemin, sachez que vous ne croisez pas simplement une voiture ; vous découvrez un morceau de l'histoire de l'automobile française, un véhicule qui incarnait l'esprit et la détermination d'une époque.